Cinema Improbable

Piranhaconda

Notation 1/10

Piranhaconda est un film d'horreur creatures feature réalisé par Jim Wynorski en 2012 pour la chaîne SyFy. Le film reprend le principe de Sharktopus, à savoir un monstre mutant issu d'un croisement improbable de deux animaux.

Le budget n'est pas précisé mais ne doit pas dépasser le million de dollars. Le film dure 80 minutes.

Synopsis : Première différence comparée aux autres films de ce genre, ici tout le monde semble être au courant de l'existence du monstre, et cela dès le début ! Bref la scène d'intro comporte une bande de trois couillons qui partent en pleine jungle pour observer les œufs du supposé Piranhaconda, mais ce dernier ne l'entend pas de cette oreille et massacre les naturalistes en herbe (ainsi que leur hélicoptère, il ne faut pas faire les choses à moitié !) ; un seul scientifique réussit à s'échapper, mais bon perdu en pleine nature avec le monstre aux trousses, son avenir semble assez compromis... (il a toutefois l'air seulement un peu déçu)

On change de situation avec une équipe de tournage qui semble préparer un film dans la région (une sorte de slasher pourri, serait-ce de l’auto-dérision ?) ; l'une des scénaristes repère alors une légende locale sur internet à propos d'un monstre tapi dans le fleuve non loin (je vous avais prévenu, tout le monde est au courant !). Malheureusement le tournage est annulé pour raisons budgétaires (les mécènes ont été les plus intelligents) et l'équipe entière est ensuite capturée par une bande de guérilleros à la noix qui décident de les garder prisonniers pour obtenir une rançon ; l'on y retrouve également le survivant du début, séquestré lui aussi malgré ses avertissements sur le monstre de la jungle (il faut dire que ses explications pseudo scientifiques ne sont pas très convaincantes, je cite "une mutation évolutive aux sens hyper aiguisés, le plus redoutable prédateur que l'humanité ait connu !") ; c'est stupide, tout le monde sait que c'est MegaShark le plus dangereux !

Bref, le film se poursuit avec un affrontement inévitable entre les les kidnappeurs et leurs otages, avec le Piranhaconda au milieu qui défonce tout le monde sans aucune discrimination. Les rares survivants réussissent à s'enfuir en voiture, les vilains à leurs trousses ; le Piranhaconda est abattu à coups de bazooka mais il en reste un... (en même temps depuis le début on voit des œufs partout et personne ne pense qu'il faut deux entités pour se reproduire !). C'est le moment parfait pour que l'éternel conflit éclate entre ceux qui veulent préserver cette espèce unique et les autres qui veulent juste survivre (l'un des persos se balade toujours avec un œuf volé pour attirer le monstre vers tout le monde).

Bref, le dernier Piranhaconda massacre tous les méchants tandis que notre héros final essaye de le pulvériser à coups d'explosifs ; le scientifique se fait grailler en voulant garder l’œuf, du coup les autres s'en servent pour le remplir de C4 avant de le rendre à la bestiole qui se fait donc éliminer stupidement. Mais le film ne s'arrête pas avant de nous livrer son ultime coup de poignard ; un superbe plan final qui nous fait comprendre que personne n'a gagné... surtout qu'il reste des œufs, donc rien n'a été réglé !

 

Réalisation : Le brave Jim Wynorski est déjà un habitué de la chaîne SyFy pour avoir réalisé des bouses comme L'île des Komodos géants, Komodo vs Cobra ou encore Dinocroc vs Supergator, et n'oublions pas Roger Corman à la production, célèbre aussi pour son Sharktopus et DinoShark ; bref ils adorent les films de merde avec des animaux meurtriers !

Le film se tape un délire "théâtre dans le théâtre" avec un film en cours de tournage au sein du scénario, dont le thème semble être un slasher pourri. Le cadre du film est principalement la jungle de Hawaï, et malgré le fait que cette île ne soit pas grande, ça grouille de monde ! On se croirait sur Broadway entre l'équipe de tournage, les profs d'histoire naturelle, les amateurs de plantes rares, la guérilla urbaine, sans compter les saloperies de serpents mutants géants. Si après ça le gouvernement local n'a pas porté plainte... Le Piranhaconda a d'ailleurs le don de sortir de nulle part pour attaquer les personnages à la vitesse de l'éclair (avec un temps d'attaque moyen de 0,3 seconde, mine de rien on fait des économies sur les effets spéciaux !).

Le montage global est typique d'un film de SyFy low-budget, c'est à dire des plans mal gérés, des scènes hors contexte (pendant le tournage les cameramen ont eu la chance de filmer quelques bons plans de bestioles, du coup autant les mettre dans le film !), des transitions sans rapport, sans compter les images de synthèse très très mal incrustées. On notera également un paquet d'incohérences, que ce soit autant au niveau de la réalisation que du scénario (l'équipe de tournage qui filme à 5h du matin avec le soleil au zénith), sans oublier l'écran qui devient rouge pendant quelques secondes après chaque attaque (version vieil FPS) ; même si ce n'est pas un bug ça reste lamentable...Le film n'hésite pas à balancer de l'hémoglobine à tout va en même temps, ça deviendrait donc logique que même la caméra soit éclaboussée.

Un petit côté assumé toutefois avec quelques moments de dérision, notamment les personnages qui osent citer eux-mêmes le Piranhaconda sans gêne apparente ; ça reste tout de même débile et nullisime.

 

Bande-son : Les musiques ne collent pas vraiment au style du film ; quant aux bruitages, entre les armes en plastique et les hurlements du Piranhaconda, on nous casse plutôt bien les oreilles ! La fin du film nous livre en exclusivité quelques morceaux épiques qui feraient croire que les personnages ont sauvé le monde.

 

Jeu des acteurs/Personnages : Un casting inconnu, mis à part le gueststarring improbable de Michael Madsen (Kill Bill 2, Boulevard de la mort) qui joue ici un vieux rôle de scientifique qui croit avoir toujours raison.

Le jeu d'acteur est tout bonnement innommable, les acteurs ne sont absolument pas crédibles ; après tout un Piranhaconda est un animal très classique, pas de quoi s'affoler. En fait tout le monde s'en tape du monstre, on vaque à ses petites occupations sans se soucier de lui, et quand il surgit bah on fait avec (et on se fait généralement bouffer comme des cons).

Concernant les personnages, nous avons le classique des biatches disséminées dans le scénario pour se foutre à poil et se faire dévorer stupidement (boobs boobs boobs !), une bande de malfrats qui parlent beaucoup mais ne font pas grand chose, un pseudo expert blasé, un beau gosse héros du faux film (et du vrai aussi) qui se mue soudainement en Splinter Cell ; le reste des personnages est secondaire et n'est là que pour servir de repas au monstre.

Les dialogues sont remplis d'absurdités plus fantasques les unes que les autres ; les scénaristes ont bien tenté quelques phases d'humour, malheureusement pas assez efficaces.

 

Conclusion : C'est quand même dangereux Hawaï, entre les serpents mutants et les groupes de guérilla embusqués dans les fourrés ! Dans la droite ligne des films creatures feature de SyFy, Piranhaconda a bien sa place ; une histoire pourrie, un montage amateur et un jeu d'acteur à vomir, tous les élément sont réunis pour vous faire vivre un cauchemar !

Il s'agit bien d'un film d'horreur, mais c'est sa nullité qui vous effrayera d'avantage que ses monstres en papier mâché !